Nous démarrons la soirée avec un reportage sur Montségur qui fera une bonne introduction à notre orateur qui à son habitude va
passionner la nombreuse assistance en n’ayant recours à aucunes notes.
Le texte suivant provient de la pastorale des réalités du tourisme et des loisirs du diocèse de Pamiers
écrit en 1985 par Michel Carayol et Georges Passerat.

Le site de Montségur (le mont « secure ») semble défier les siècles mais les ruines du château actuel ne sont pas
celles d’un château cathare.Toute une série de fantasmes à partir de l’Histoire des Albigeois de Napoléon Peyrat
(1809-1881) y sont accrochés :ésotérisme et élucubrations des cultes solaires.
C’est tout de même ce pasteur qui a fait ressortir les cathares du « placard de l’Histoire ».
Des historiens sérieux ont de nos jours éclairé cette époque troublée : Jean Duvernoy, Michel Roquebert ou Anne Brenon .
En parcourant les milliers de pages de registres laissés par les inquisiteurs, lancés dans la chasse de l’hérétique,
on peut retrouver les vraies croyances des Bonshommes, cerner la vie quotidienne des parfaits et des parfaites et écouter
les prédications de Pierre Authié ou accompagner Bernard Bélibaste dans sa longue fuite pour échapper à ses poursuivants.
On saisit ainsi à travers les textes une doctrine particulière, basée sur un évangélisme strict et une recherche de la pauvreté
et de la pureté, qui fait du catharisme une forme de christianisme médiéval.Car les cathares sont chrétiens et ils n’ont
rien à voir avec le manichéisme ou des doctrines orientales.
Cependant ils proposent une interprétation de l’origine du Mal qui oppose deux créations : la bonne et la mauvaise.
Leur conception du Christ les éloignent de la religion catholique : ils rejettent les principaux éléments de la Révélation,
refusent aussi la croix et l’eucharistie. Ils contestent aussi fortement la vie du clergé de leur temps.
Ils ont représenté une menace pour l’Eglise de Rome en se présentant comme une véritable Contre-église avec sa hiérarchie,
sa prédication et son Consolatum ou Baptême d’Esprit.
Devant l’échec des prédicateurs comme Saint Dominique ou des essais de conciliation (colloque de Pamiers 1207) le pape
Innocent III se décide à recourir à la force et prêche la croisade contre les Albigeois.
Son chef Simon de Montfort établit les chevaliers de l’île de France dans les terres confisquées après de nombreuses batailles
et sièges de place fortes (Pogs). En 1299 on signe le traité mais le catharisme n’a pas disparu.
Le tribunal d’inquisition confié aux Dominicains (1233) suscite dans le peuple un sentiment unanime de réprobation.
Après le massacre des Inquisiteurs à Avignonnet par les gens de Montségur, un dernier bûcher s’allume pour les
deux cents hérétiques de ce lieu qui auront résisté jusqu’à l’assaut final porté par des intrépides grimpeurs de falaise.
Au début du 14ème siècle la foi cathare se réveille dans le Sabarthès avec Pierre Authié, notaire d’Ax-les-Thermes,devenu
« parfait ».La répression s’organise et les arrestations sont nombreuses comme celle des habitants de Montaillou en 1308.
On ne peut parler des cathares qu’avec respect, et même avec un brin de compassion pour ces hommes et ces femmes,
qui ont témoigné jusqu’au sacrifice suprême de leur attachement à cette vérité évangélique, qu’ils incarnaient
dans leur vie toute dépouillée et si empreinte de lumière.