Une veillée à Flourens sur le Canal du Midi , mais on le trouve bien loin de Flourens !
C’est vrai , mais les cartes indiquent ,à proximité
de la route de Castres ( N 126 ) : Ruisseau du Grand Port de
Mer !
Il y a de quoi se poser des questions !
Nous n’avons pas la réponse mais comme RIQUET avait retenu de nombreux lieux susceptibles d’alimenter le
canal ,
alors cette histoire pourrair expliquer le nom de ce lieu...
Pierre Paul RIQUET , né à Béziers en 1609 n’avait suivi qu'une
instruction rudimentaire mais avait le sens du commerce et un génie inventif
associé à un esprit d’entreprise peu commun .
Il était arrivé à cumuler les charges de Fermier des
Gabelles en Languedoc et de Fournisseur des Armées du Roy .
Il avait donc amassé une importante fortune avec ces
entreprises
et acquis , entre-autres , le domaine de BONREPOS et le château de RAMONDENS dans la Montagne Noire .
Préoccupé des difficultés de transport au cours des nombreux
déplacements effectués dans la région , il imaginait ce canal dont on parlait
tant .
L’idée lui vint de réunir les eaux du versant méditerranéen
et celles du SOR en coupant les ruisseaux torrentueux par une rigole à flanc de montagne
qui grouperait leurs apports
et les conduirait en un point de la ligne
de partage des eaux dit LE CONQUET , d'oú l'on pourrait les déverser dans le SOR
Avec l’aide d’un fils de fontainier de Revel , il allait
parcourir le terrain ,
niveler sommairement et s’assurer de la possibilité de
réalisation de ce système . Nous étions en 1661 .
Il adresse alors un mémoire et une longue lettre à COLBERT
lequel venait de recevoir toute la confiance de Louis XIV à la mort de MAZARIN.
Ce projet étant dans le droit fil de la politique
d’expansion
économique de COLBERT , ce dernier adopte le projet et Louis XIV s’étant montré
favorable ,
une lettre du 14 avril 1665 indique que
" Sa Majesté avait décidé
de faire réaliser le canal par ses soins "
La rigole d’essai que RIQUET avait fait réaliser durant l’été
1665 de REVEL à NAUROUZE avait été un succès .
La construction du canal nécessita la réalisation d’un grand
nombre d’ouvrages devant permettre de passer outre les difficultés du terrain .
RIQUET fit preuve d’un véritable génie créatif .
Pour assurer la remise en eau rapide des biefs vidangés pour
des réparations , RIQUET et les Experts avaient prévu une quinzaine de
réservoirs
le long des rigoles de collecte .
M. de CLERVILLE proposa de remplacer ces ‘’ magasins d’eau ‘’
comme les appelait RIQUET par un grand réservoir .
Près de la ferme de SAN-FARRIOL , un resserrement du vallon
sur un verrou rocheux fut retenu dont la construction allait constituer une
exploit technique sans précédent .
Cet ouvrage , admirablement conservé et en service depuis
1672 , sans la moindre défaillance étonne encore de nos jours les constructeurs contemporains .
Le volume de la réserve est à peu près égal à la contenance
du canal en entier .
VAUBAN ayant succédé à M. de CLERVILLE dans la charge de Commissaire général des
Fortifications , visita tous les ouvrages construits par RIQUET
et conclut à la nécessité de conduire
dans le réservoir de SAINT FERREOL les eaux collectées
par la rigole de la montagne dans les périodes d’abondantes pluviosités pour les y mettre en réserve .
VAUBAN et RIQUET dressèrent le projet de construction d’un
tunnel de 123 m pour franchir l’arete de séparation des versants
océanique et méditerranéen
afin de régler les difficultés de
remplissage du
réservoir de SAINT FERREOL avec les seuls apports du bassin versant de l’Audot.
Durant 15 ans , c’est près de 12.000 ouvriers qui vont
creuser ce canal , à la pelle et à la pioche !
De nombreux ouvrages d’art sont réalisés : des
ponts-canaux , des tunnels , la pente d’eau de Fonsérannes , des écluses , les ports etc…
Réalisé entre 1667 et 1681 ( ouvert à la circulation le 15
Mai 1682 ) , le Canal du Midi constitue l’une des réalisations de génie civil
les plus extraordinaires .
Cette voie d’eau navigable mesure 241 km et relie la Garonne à la Méditerranée ,
de Toulouse à l’étang de Thau .
Le site sera classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1996 .
Voilà résumé assez brièvement ce que nous a raconté Jean
ODOL au cours de cette veillée du 19 mai 2006 qu’il a également su émailler de
nombreuses anecdotes .
Cette veillée avait été précédée d’abord d’une visite aux
archives du canal , dans les locaux des VNF ( voies navigables de France ) au Port Saint Sauveur le 24 mars
( ou nous avons pu admirer de nombreux documents d’époque)
puis d’un déplacement au seuil de Naurouze le 22 avril sous la conduite de l’architecte
Denis PINEL ,
passionné du canal qui a d’ailleurs écrit deux ouvrages sur ce
sujet .